Cybersécurité : L’art de la confiance

La crise déchirante qui se déroule en Ukraine, et l’éruption de ce qui est dangereusement proche d’une 3e guerre mondiale n’est pas causée par un seul individu hideux que nous pouvons collectivement haïr comme un nouvel Hitler mais par un environnement habilitant. Alors que des mesures urgentes doivent être prises pour mettre fin à la guerre en sol ukrainien, notre stratégie de cybersécurité doit également comporter des actions visant à instaurer une confiance résiliante en nos institutions démocratiques.

Le lobby du secteur privé et la promotion de l’IA par l’industrie minent la confiance dans une nouvelle technologie, mais surtout dans la capacité de nos gouvernements à diriger l’adoption de l’IA équitablement et sans conflits d’intérêts. Le manque de confiance dans les institutions démocratiques (médias, gouvernements, système judiciaire, etc.) est une faiblesse à la fois dans notre stratégie d’économie numérique et notre stratégie de sécurité nationale.

L’économie numérique axée sur les données a connu une croissance environ 40 % plus rapide que le PIB global du Canada au cours de la dernière décennie. Des milliards de dollars sont investis en IA et en transformation numérique. Toutefois, sans une solide stratégie de cybersécurité qui tient compte de l’importance de la confiance, ces investissements publics risquent de produire des « retours » qui vont à l’encontre des valeurs mêmes que nous chérissons et du confort qu’elles nous permettent d’avoir. En lançant des milliards de dollars dans la chasse à la prochaine licorne, avec les yeux fermés sur les causes et les impacts de l’inégalité numérique, les stratégies d’investissement en IA contribuent involontairement à la déstabilisation des systèmes internationaux.

Les cybermenaces comme par exemple, l’ingérence étrangère de la Russie visant à attaquer les normes et valeurs démocratiques canadiennes[1], sont rendues possibles par un affaiblissement de “la confiance généralisée qui permet des interactions complexes sur le marché, l’implication des communautés, le commerce et la coopération entre les États” (A World Without Trust, Jacquelyn Schneider).

La confiance en l’IA est une rhétorique fondée sur des objectifs de commercialisation des nouvelles technologies, une rhétorique qui risque de faire plus de mal que de bien à l’économie si la paix et la prospérité que procure un système démocratique ne sont plus. C’est pourquoi le paradigme doit passer de confiance en l’IA à la valorisation des processus démocratiques.

Pour reconstruire une confiance résiliente envers nos institutions démocratiques, tous les secteurs (public, privé, civil) doivent collaborer en vue d’un dialogue constructif et un sentiment de communauté revalorisé. En d’autres termes, les politiques publiques doivent accentuer le contraste avec les régimes autoritaires et les dirigeants totalitaires en encourageant une citoyenneté numérique audacieuse et créative (The Art of War, Can Culture Drive Geopolitics, Beverly Cage).

Puisque le secteur civil est sous-financé dans ses efforts pour soutenir des démocraties fortes et résilientes, mes conseils s’adressent principalement aux gouvernements et à l’industrie.

· Industrie : Faites confiance aux citoyens. Faites confiance à vos clients. Faites-vous confiance en tant qu’individus. Élaborez des plans de RSE, ESG, DEI qui soutiennent concrètement, en temps et en argent, les initiatives indépendantes des organisations de la société civile en matière de données et d’IA, de développement et de gouvernance.

· Gouvernements : 1) L’industrie ne peut pas diriger, ou indument influencer les initiatives de gouvernance dans les économies numériques, pas plus que les organismes à but non lucratif financés par l’industrie qui sont associés, ou semblent l’être, à juste titre ou non, au lobby de la technologie ; 2) Les stratégies de cybersécurité, le financement de la transformation numérique doivent inclure un soutien aux organisations de la société civile qui luttent pour les droits de la personne et les objectifs de développement durable, ainsi que pour le travail social à l’ancienne et les connexions entre humains.

Le bien-être et la sécurité des Canadiens dépendent de notre capacité à faire le lien entre l’engagement citoyen et la mobilisation des connaissances, d’une part, et l’innovation politique légitime dans les démocraties numériques, d’autre part.

[1] Le rapport spécial du Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement portant sur le cadre de travail et les activités du gouvernement du Canada visant à défendre ses systèmes et ses réseaux contre les cyberattaques, 14 février 2022.

Aquarelle, V.Goddard, 2018

Marshall Byler

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